Le Royaume Éternel

Le Royaume Éternel est un livre que jai commencé à rédiger il y a quelques mois. Je vous souhaite une bonne lecture.

1. Incarnation

Je me souviens parfaitement du moment précis où j’ai pris conscience que j’existais. Cela s’est passé le jour où j’ai franchi pour la première fois le porche de l’école maternelle de Labarre-Authières, petit bourg niché dans la région des Syrtes. C’était le 15 septembre 1975. Je n’avais pas encore trois ans et je me demandais ce que je faisais dans cette cour parmi tous ces enfants qui pleuraient. C’était la première fois que je les voyais. Je n’ai jamais oublié ce sentiment d’abandon qui s’est emparé de moi à cet instant. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est cette étrange et brutale impression d’incarnation. De ma venue au monde jusqu’à mon premier jour d’école, ma mémoire n’a rien conservé. Si, dans ce laps de temps, la mort m’avait emporté, je serais parti sans jamais avoir eu conscience de ma brève existence. Et pourtant, durant cette période d’initialisation cérébrale, j’ai appris à marcher. J’ai même acquis suffisamment de connaissances en français pour être capable de partager mes émotions avec ceux que j’appelais les grands.

J’ai barboté dans cette conscience vaporeuse, jusqu’au moment où je fus poussé dans la cour de l’école. À partir de cet instant et à mon grand étonnement, tout ce que mes sens percevaient se transformait en souvenirs très nets que mon cerveau pouvait conserver. Ma mémoire de surface venait de s’activer. Est-ce que les autres enfants s’étaient réveillés en même temps que moi, ou bien flottaient-ils encore dans cet indéfinissable état où le passé n’a pas encore suffisamment d’épaisseur pour se connecter au présent ? Je me souviens que l’après-midi, nous avions fait une longue sieste sur d’épais tapis de gymnastique et qu’à cette occasion, j’étais brièvement retourné dans le néant primordial, celui qui abolit toute conscience. Mais j’ai fini par me réveiller et j’ai constaté que rien n’avait bougé. Les autres enfants étaient toujours là. Dans un flash de clairvoyance, quelques images du passé sont remontées à la surface de ma mémoire. J’ai alors compris que j’étais de retour sur Terre et je n’ai pas pu retenir mes larmes. La balle que je m’étais tirée dans la tempe, il y a presque trois ans, mettant un terme à ma vie précédente, n’avait servi à rien. La vie recommençait…

Il s’est écoulé dix ans avant que mon arrière-grand-mère ne nous quitte. C’était en janvier 1983. Je ne me souviens même plus de son prénom. Pour toute la famille, elle était grand-mère des Sorbiers, ainsi nommée d’après la petite ville où se trouvait sa maison de retraite, dans le département voisin des Deux-Rivières. La veille de l’inhumation, nous lui avons rendu une dernière visite. C’était la toute première fois que je me trouvais réellement en présence de la mort. Les jambes tremblantes, je me suis approché de ce corps diaphane étrangement immobile, qui avait donné vie à neuf enfants. Grand-mère des Sorbiers avait un chapelet enroulé autour de ses doigts noueux. C’est en prenant le goupillon et en l’aspergeant de quelques gouttes d’eau bénite que j’ai compris que son enveloppe corporelle n’était plus qu’un véhicule de chair abandonné par son âme, sur le bas-côté du monde. Petit à petit, à mesure que celles et ceux qui l’ont connue disparaissent à leur tour, mon arrière-grand-mère à qui nous rendions visite dans sa maison de retraite toute enveloppée de tristesse, sombre dans l’oubli. Je ne possède qu’une seule photo d’elle : un polaroid dont les couleurs se décomposent en même temps que son souvenir.

Viendra le jour où l’ultime personne qui conservera encore dans son cerveau des souvenirs de mon aïeule, disparaîtra elle aussi. Alors, absente de toutes les mémoires, Grand-Mère des Sorbiers basculera dans les oubliettes sans fond de l’espace-temps. Tel est le sort que l’Éternel réserve à notre corps de mortel. Dieu merci, nous avons tous une âme qui ne peut pas être anéantie. Substance parfaite, incarnée dans chacune de nos cellules, elle est la part divine qui confère à chacun d’entre nous une dignité inaltérable et sacrée. L’âme est éternelle.

2. L’univers visible et invisible

Mourir est une perspective qui ne m’angoisse pas. J’attends ce moment avec un mélange d’impatience et de curiosité. Je n’ai pourtant pas envie de mettre fin à mes jours. Tuer n’est pas une décision qui appartient aux hommes… Et de toute manière, rien dans ma vie actuelle ne justifie que j’accomplisse ce geste insensé. Je ne suis pas sur cette Terre pour me détruire mais pour grandir dans le pardon et l’amour de Dieu. C’est à mon prochain que je dois penser, celui qui plie sous le poids d’une vie devenue fardeau, celui qui s’imagine que Dieu l’a abandonné. C’est pour lui que je dois prier.

Une grande part de ma réflexion philosophique est consacrée à l’élaboration d’un au-delà sans purgatoire ni enfer. Voici donc le fruit de ma méditation qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’a pas grand chose à voir avec le bouddhisme1. Notre monde repose sur une architecture spirituelle composée de trois niveaux qui sont :

  1. le séjour des morts (ou seuil),
  2. le séjour de la vie mortelle (planète Terre)
  3. le Royaume de Dieu (vie éternelle).

Commençons par le second niveau, le nôtre en l’occurrence. C’est celui où on perd la vie. Ses deux bords sont la naissance et le décès et il est régi par les lois physiques de l’espace-temps. Il n’y a pas d’âge pour mourir mais selon la Bible (Genèse 6:1), les êtres humains ne peuvent pas dépasser 120 ans. Jeanne Calment morte dans sa cent-vingt-troisième année est l’exception qui confirme la règle. Nous sommes actuellement sur la planète Terre et nous pouvons objectivement affirmer que nous sommes vivants.

Le premier niveau est le seuil (ou séjour des morts) Si nous sommes capables de concevoir son existence et d’en donner une définition précise, c’est parce que son accès se situe dans notre monde, au deuxième niveau. Nous portons sur le seuil un regard extérieur qui ne nous en révèle pas le contenu mais qui nous permet tout de même d’en définir les limites. Lorsque nous perdons la vie, nous descendons dans le séjour des morts. Nous n’avons pas le pouvoir d’entreprendre un voyage vers le troisième niveau, celui de la vie éternelle. En revanche, le séjour des morts ouvre ses portes sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, aux accidentés de la route, aux malades incurables, aux condamnés à mort, aux suicidés ou bien aux supercentenaires qui s’éteignent comme une bougie parce qu’ils ont atteint les limites physiologiques humaines !

2.1. Le pardon et l’enfer

Si on peut se donner la mort, on ne peut pas se donner la vie éternelle. Seul Dieu a le pouvoir d’ouvrir les portes de son Royaume à des humains qu’il juge sanctifiés. Cela signifie que le suicide ne donne accès qu’au séjour des morts. Il ne peut pas nous ouvrir les portes du niveau supérieur, celui du Paradis.

Les morts ayant atteint la sainteté par l’exemplarité de leur existence, brisent le cycle des re-naissances et accèdent à la vie éternelle. Dieu réserve un autre sort à celles et ceux qui ne sont pas parvenus à être sanctifiés. Leur mémoire est effacée. Ils retournent sur Terre sous la forme de bébés reformatés aux paramètres initiaux… Et tout recommence.

Il existe un terme plus élégant pour qualifier ce processus : C’est le pardon, lequel prend tout son sens dans le phénomène de réincarnation. La re-naissance n’est pas une punition. C’est une nouvelle chance que Dieu nous offre pour nous permettre d’atteindre l’état de sainteté. Dieu accorde son pardon à tous les êtres humains, y compris aux plus cruels, car dans cette vision radicale de l’au-delà, il n’y a pas de place pour l’enfer. Au risque de vous choquer, par le cycle des re-naissances, Adolf Hitler marche déjà sur le chemin de la rédemption. Son processus de sanctification a commencé juste après son suicide. C’est le dessein de Dieu : ne laisser personne sur le bas-côté, faire preuve d’une patience et d’un amour infini pour partir à la recherche des brebis égarées. Tout être humain a droit au pardon. Nous sommes tous appelé à devenir saints et à rejoindre la bergerie de l’Éternel.

2.2. La grâce divine de la foi

Il n’est pas possible pour l’être humain, d’acheter son salut en effectuant des actions qu’il qualifie lui-même de bonnes. On ne peut pas être juge et partie. S’il est attentif aux malheurs qui frappent son prochain, s’il s’efforce de répandre le bien autour de lui sans rien attendre en retour, s’il prie l’Éternel au cœur de la nuit, c’est parce qu’il sait qu’il a la foi et qu’il est déjà sauvé. N’ayez pas peur du péché. Si vous reconnaissez sincèrement vos fautes et que vous entrez dans une longue démarche de repentir, le pardon sera toujours la promesse divine d’un nouveau départ. Personne ne va en enfer car celui-ci n’existe pas. Que vous soyez Chrétien, Musulman, Juif ou issu d’autres traditions, ne rejetez pas celles et ceux qui ne partagent pas votre foi, et n’essayez pas de les convertir par la force. Dieu ne justifiera jamais l’usage des armes en son nom. Offrez-leur plutôt une écoute sincère, respectueuse et bienveillante. Nous sommes tous différents, et chacun d’entre nous avance à son propre rythme. La foi est une grâce mystérieuse, offerte par Dieu aux êtres humains qu’il juge dignes de la recevoir. Par conséquent, ne perdez pas votre temps et ne gaspillez pas votre énergie à tenter de recruter de nouveaux fidèles. Ce n’est pas votre mission mais celle que l’Éternel s’est donnée.

2.3. L’absence de foi

À celles et ceux qui sont privés de la foi et que cette situation fait souffrir, isolez-vous dans l’obscurité de votre chambre. Allumez une bougie et priez en silence. Faites preuve de patience… Si vous ouvrez sincèrement votre cœur, Dieu finira par se révéler à vous : une vague d’énergie surnaturelle parcourera tout votre corps. Cette expérience mystique marquera le début d’une longue et profonde métamorphose de votre esprit et de votre âme. Dieu marchera à vos côtés et vous ferez chaque jour l’expérience de sa présence bienveillante et de son amour.

Ne perdez jamais de vue, le vrai sens de votre passage sur la planète Terre. Si vous n’avez plus la foi parce que votre âme traverse une nuit noire, dites-vous que les plus grands saints ont vécu cette épreuve particulièrement douloureuse : priez et n’ayez pas peur, cette obscurité spirituelle intense fait partie du processus de purification préalable à la sanctification.

Enfin, à celles et ceux qui, par vanité ou par provocation, refusent la foi que Dieu leur offre, et par conséquent toute perspective de résurrection, sachez que chacun d’entre nous est libre de ses choix… Mais Dieu aussi ! Ce qui vous attend après la mort est peut-être un saut dans le néant, c’est-à-dire un voyage potentiellement sans retour. Si vous pensez être à l’aise avec l’idée de disparaître à jamais, n’oubliez pas que le néant engloutit également le bien, le mal et même la mort ! La vie ici-bas perd alors tout son sens. Avec pour horizon, un néant impossible à penser, la différence entre le bien et le mal disparait. Vous pouvez voler, frapper, violer ou tuer votre prochain, cela n’a plus d’importance car cela n’a plus aucune conséquence. Vous n’avez plus besoin de vous soucier de faire le bien autour de vous. Vous pouvez d’ores et déjà arrêter de travailler et profiter de la vie “à fond”. Carpe diem ! Dans l’au-delà, personne ne sera là pour vous juger. Le néant vous offre le pouvoir de céder à toutes vos pulsions et de répandre le mal autour de vous. Cette liberté n’est pas la mienne.

3. Au commencement

Il y a plus de treize milliards d’années, Dieu créa l’espace, le temps et la matière. Puis il libéra la lumière qui se propagea jusqu’aux bords sans fin du cosmos. L’espace et le temps se mirent en mouvement. Le chaos prit fin et, partout dans l’univers, la lumière s’accréta pour former des étoiles. Autour de l’une d’entre elles, que le Créateur baptisa Soleil, plusieurs planètes apparurent. La troisième était une sphère minérale, froide et inerte, à laquelle l’Éternel donna le nom de Terre. Les eaux qu’il fit tomber du ciel, recouvrirent toute la surface du monde. Dieu dit alors :

Et c’est ainsi que cela se passa : le Créateur fit émerger un vaste continent nommé Ur, et plusieurs archipels. Puis, il envoya douze météorites porteuses de vie. Elles frappèrent la surface de l’océan libérant une gigantesque quantité d’énergie. Une vague de cinq cents mètres de hauteur dévasta la planète. Des millions d’années après ce cataclysme, les eaux s’étaient retirées et une végétation luxuriante avait recouvert toutes les terres émergées. La naissance du monde provoqua chez l’Éternel une joie intense. Dans les profondeurs de l’océan, des sources chaudes libérèrent des particules de vie à l’origine de tous les animaux. Ceux-ci se dispersèrent jusqu’aux confins du monde.


Dieu choisit l’un d’entre eux pour en faire le gardien de la nature et le protecteur de la planète. C’était un primate qui se déplaçait sur ses pattes arrières et qui savait confectionner des outils rudimentaires. Le Créateur lui donna le nom d’être humain. Il le transporta dans l’un des endroits les plus reculés de la Terre, sur une île volcanique protégée par des courants puissants et des vagues immenses. Ce sanctuaire naturel, dont la végétation était d’une beauté à couper le souffle, fut baptisé l’île du Saint-Esprit.

4. L’île du Saint-Esprit

L’île du Saint-Esprit était merveilleuse. Mais le gardien humain, qui veillait sur elle, souffrait d’une profonde solitude. Il n’avait personne à qui se confier. L’Éternel vit que cela n’était pas bon. Alors pour lui tenir compagnie, il fit venir du grand continent de nombreux animaux.

Cependant, aucun d’entre eux ne parlait la langue de l’homme. Alors, après avoir fait tomber un profond sommeil sur sa créature, Dieu la divisa en deux. Puis, en façonnant les chairs, il engendra une femme et un homme qu’il nomma Ewa et Adem. Voici ce qu’il leur dit :

Ewa et Adem étaient heureux. Leur environnement naturel était splendide. Ils formaient, avec les animaux, une société harmonieuse : le lion se promenait aux côtés de la gazelle, le guépard s’amusait avec l’antilope. La paix, la douceur et l’harmonie régnaient sur cette île entourée d’un immense océan. Mais les flots noirs de ce dernier dissimulaient le repaire d’un ange que Dieu avait déchu : le prince des ténèbres…

Un matin, alors qu’Ewa et Adem goûtaient au plaisir d’une marche sur la plage, un démon émergea lentement des eaux et se présenta à eux sous les traits d’une créature séductrice. Il leur demanda :

– Pourquoi ne mangez-vous pas le fruit de l’Arbre divin ?

– Parce que l’Éternel nous a dit que celui-ci était mortel pour nous, répondirent les humains.

Le démon se mit à glousser. Puis il dit :

– Ce n’est pas vrai. Il vous a menti. Non seulement vous ne mourrez pas mais vos yeux s’ouvriront… Vous serez comme lui. Vous connaîtrez la différence entre le bien et le mal. Venez! N’ayez pas peur. Accompagnez-moi jusqu’à l’arbre qui fera de vous des dieux humains.

Le couple suivit la créature sans lui opposer la moindre résistance. Ils parvinrent au cœur du jardin des délices, là où poussait l’arbre majestueux. Le démon sectionna d’un coup de griffe, le pédoncule de deux fruits qui, au lieu de tomber sur le sol, se mirent à flotter devant les visages d’Ewa et Adem. Leur peau, à la beauté magnétique, leur donnait un aspect de pierres précieuses. Les humains les croquèrent à pleines dents, sans hésiter. Aussitôt, leur conscience se transforma, tandis que le démon se liquéfiait pour rejoindre l’océan par un petit ruisseau. La femme et l’homme réalisèrent qu’ils étaient nus. Ils couvrirent leur intimité avec des feuilles arrachées aux branches de l’Arbre divin. En entendant l’Éternel qui venait à leur rencontre, le cœur rempli de désarroi et de colère, ils prirent peur, et ils coururent se cacher au plus profond de l’île, sur les flancs du volcan. Mais Dieu les retrouva et il leur demanda :

– Pourquoi vous cachez-vous ?

– Parce que nous avons peur.

– De quoi avez-vous peur ? Avez-vous donc goûté le fruit de l’arbre divin ?

– Oui… avouèrent-ils, à voix basse.

Aussitôt, le volcan qui dominait l’île entra en éruption. Dieu dit :

– Malheureux que vous êtes ! Je vous avais pourtant dit de ne pas toucher à ce fruit. Votre temple charnel n’a rien de divin. Vous avez choisi de vous laisser séduire par le prince des ténèbres, un ange que j’ai chassé du ciel et qui, depuis lors, hante les profondeurs abyssales de l’océan. Ce choix terrible signe notre séparation définitive. Je vous ai créés libres et par conséquent responsables de vos actes ! Alors, si vous préférez que votre vie soit un chemin pavé de souffrances qui conduit à la mort, je ne peux plus rien pour vous. Femme, ton cycle sera celui du sang et tu enfanteras dans la douleur. Homme, tu devras travailler la terre et chasser pour assurer ta subsistance ainsi que celle de ta famille. Aucune peine ne vous sera épargnée. Vous ne mangerez pas tous les jours à votre faim. À l’âge de vingt ans, si la mort ne vous a pas encore dévorés, un mal appelé vieillissement vous frappera. Il provoquera une déchéance irréversible de vos cellules. Vous ne serez plus immunisés contre la dimension du temps.

Je marquerai le ventre de chacun de vos descendants d’une cicatrice appelée “nombril”. Ce stigmate sera transmis de génération en génération. Il vous rappellera que vous êtes nés avec le péché originel. En attendant, je vais vous livrer au prince des ténèbres. La destruction de l’île du Saint-Esprit a commencé. Le passage entre l’humanité et le Royaume des Cieux va disparaître ! Que le malheur s’abatte sur vous !

Après avoir prononcé ces paroles, Dieu fit tomber sur les humains un profond sommeil. Lorsqu’ils se réveillèrent, ils constatèrent avec effroi qu’ils se trouvaient au large, allongés au fond d’une grande barque. Secouée par les vagues, elle menaçait de se disloquer à tout instant. Dans un grondement assourdissant, l’île du Saint-Esprit, entièrement recouverte de lave incandescente, s’enfonçait dans l’océan. Lorsqu’elle fut totalement engloutie, les flots se calmèrent. Un silence angoissant enveloppa le monde. Ewa et Adem s’agenouillèrent. Leur visage était défiguré par les larmes. La femme dit :

– Mon Dieu, mon Dieu ! Sauve-nous !

L’homme ajouta :

– Seigneur Dieu tout puissant, prends pitié de nous !

5. La mer des ténèbres

Ils dérivèrent quarante jours et quarante nuits sans pouvoir diriger leur embarcation. Lorsque la tempête se levait, celle-ci était violemment secouée par les vagues. Ils burent l’eau qui tombait du ciel et mangèrent les quelques poissons qu’ils réussirent à pêcher. La peau de leur visage était brûlée par le soleil. Mais malgré l’océan qui menaçait de les engloutir à tout instant, malgré les fuites qu’ils ne parvenaient plus à colmater, ils ne perdirent jamais la foi. Leur vie s’était transformée en une prière perpétuelle à l’adresse de l’Éternel. Ils lui demandèrent pardon et implorèrent sa protection.

Devant les souffrances endurées par ses deux enfants, l’Éternel fut pris de remords. Il envoya une colombe vers les naufragés. Elle tenait dans son bec un rameau d’olivier qu’elle déposa délicatement sur la joue de la femme allongée au fond du bateau dans un état d’épuisement extrême. Ève se réveilla. Elle ramassa la petite brindille qui portait quelques feuilles, et trouva la force de lever la tête vers l’horizon avant de crier :

– Terre ! Terre ! Terre !

Elle secoua Adem pour le sortir de sa profonde torpeur. En apercevant les premières côtes d’un vaste archipel que l’horizon dévoilait lentement, l’homme hurla de joie. Un vent léger se leva et poussa les naufragés vers les côtes d’une île aux dimensions modestes. Elle était en partie recouverte par une forêt. Ils accostèrent en douceur et sautèrent de la barque avant de se laisser tomber dans les dernières vagues venant mourir sur le sable chaud. L’eau qui caressait leur peau avait le goût du paradis. Alors d’une voix puissante venue du ciel, Dieu s’adressa à eux avec ces mots:

Après avoir mangé et repris des forces, Ewa et Adem s’installèrent en retrait de la côte, dans une belle clairière qui dominait un port naturel serti dans une petite crique rocheuse, bien à l’abri des vents. À l’est, on apercevait l’imposante masse continentale d’Ur. Ils allumèrent un feu. Puis, ils récupérèrent toutes les pièces métalliques de la barque afin de les transformer en outils. La coque en bois, recouverte d’une épaisse couche de mousse et de fougères, devint la toiture de leur nouvelle demeure. Ils défrichèrent soigneusement la clairière et préparèrent le sol pour en faire un jardin potager et un champ de blé. La terre noire, gorgée d’humus, était très fertile. Enfin, ils fabriquèrent un four pour cuire leurs aliments et produire du bon pain. Satisfaits de leur œuvre, Ewa et Adem s’unirent dans l’amour. Ils ne formèrent plus qu’un seul corps.

Cela s’est passé il y a des millions d’années… Et aujourd’hui encore, Dieu se désole du chemin que l’humanité a emprunté. Il conduit tout droit à la guerre et à la destruction. Les fils de l’Homme le savent, mais la violence est une drogue qu’ils ne parviennent pas à soigner.

Source de l’image illustrant l’article

6. Les derniers hommes

Nous exploitons les ressources de la nature sans aucune retenue, dans une forme de suicide collectif qui ne dit pas son nom. Nous sommes connectés à la biosphère terrienne et totalement dépendants de celle-ci pour respirer, réguler notre température, boire et nous alimenter. Nous avons besoin de la nature pour continuer d’avancer en équilibre entropique sur le fil ténu de l’instant présent et ne pas chuter dans le passé, c’est-à-dire dans le séjour des morts. Nous sommes complètement dépendants des richesses que la Terre met à notre disposition.

En revanche, notre planète n’a pas besoin de nous. Elle tournait déjà autour de son étoile bien avant que les météorites porteuses de vie ne percutent sa surface. La Terre n’est pas un être vivant dissimulant dans son noyau interne un gigantesque cerveau. Elle n’est pas non plus une déesse nourricière. C’est un astre minéral créé par Dieu pour accueillir la vie sous des millions de forme végétales ou animales. Notre planète va peut-être nous détruire sans que personne ne lui en donne l’ordre. Elle va nous exterminer non pas parce qu’elle éprouve de la haine envers notre espèce, mais parce qu’elle est tout simplement programmée pour préserver l’écosystème qu’elle abrite, et ce, quel qu’en soit le prix, . Si des virus mortels sont congelés dans le pergélisol sibérien, alors l’élévation des températures se chargera de les libérer. Ce n’est pas Dieu qui va nous tuer, et ce n’est pas non plus la nature… C’est nous-mêmes! En laissant fondre le pergelisol, nous serons aux premières loges pour assister, impuissants, à notre requiem. Mais au lieu d’unir nos énergies pour reprendre en main notre destin, nous préférons préparer la troisième guerre mondiale. La nature attendra…

Si, à cause de notre comportement autodestructeur, le chaos s’installe sur la Terre, est-ce que Dieu le tout miséricordieux accordera à une poignée de survivants le droit de poursuivre l’aventure humaine sur la base d’un nouvel ordre de mission ? Notre planète a-t-elle encore besoin de nous pour régénérer la nature qu’elle porte sur son écorce, et continuer à abriter la vie? Nous ne connaissons pas le plan de Dieu. Peut-être va-t-il nous aider à reprendre la situation en main, ou bien se contenter de laisser faire les choses sans intervenir. Après tout, depuis que nous avons goûté le fruit de l’arbre divin, nous sommes condamnés à être libres… Mais nous n’avons pas fini de payer les conséquences de cette décision qui nous a coupé de Dieu… Et nous serions bien avisés de nous poser la question suivante :

7. Sibérius

J’imagine une planète dépeuplée par un virus très contagieux baptisé Sibérius. Il ne sera pas mortel mais il provoquera une aspermie définitive chez 99,999 % des hommes. Emprisonné dans le pergélisol de Sibérie, cet agent pathogène très volatile s’évadera à la faveur du réchauffement climatique. Il entrera immédiatement en action, dévorant méthodiquement les gamètes mâles des corps infectés.

Les maternités fermeront les unes après les autres. Les naissances seront de plus en plus rares avant de devenir des événement exceptionnels. Le monde se videra doucement. Homo sapiens s’effacera sans souffrance et sans faire de bruit, exterminés par un organisme invisible à l’œil nu… Au bout de ce lent processus de dépopulation qui s’étalera sur plusieurs générations, il ne restera plus que quelques millions d’êtres humains à veiller sur les richesses de la planète et à prendre soin d’elle : Ce seront toutes celles et ceux naturellement immunisés ainsi que leurs descendants, dont l’organisme sera protégé par des anticorps. Toute l’humanité sera dispersée dans des communautés établies sur les îles d’Océanie. Elles formeront une seule et unique nation baptisée la Terre-Sainte. Les citoyens de cette confédération seront libres de partir à l’aventure aux quatre coins du monde, mais il n’y aura plus aucune implantation humaine permanente sur les continents et les grandes îles. Ces masses terrestres seront cédées pour toujours à la nature qui se chargera de recycler lentement et méthodiquement, toute trace de notre présence passée.

Les forêts se lanceront à la reconquête des territoires péniblement défrichés depuis le Néolithique. Elles envahiront lentement les grandes plaines agricoles. Les plantes pousseront dans les moindres anfractuosités des bâtiments et des routes. Elles écarteront les pierres, perceront l’asphalte pour permettre à d’autres plantes de se développer et devenir des arbres. Les feuilles mortes se décomposeront sur place et au fil des années, elles finiront par former une épaisse couche d’humus recouvrant les surfaces autrefois bitumées. Faute d’entretien et rongés par une végétation qui n’aura plus d’ennemis, les édifices humains, à l’exception des pyramides, s’écrouleront les uns après les autres. La tour Eiffel, ce phallus de trois cents mètres de haut, dressé dans le ciel d’une nation bouffie d’orgueil, finira à terre, rongé par la rouille. Les animaux auront un immense terrain de jeu et pourront se reproduire sans autre crainte que de finir dévorer par leurs prédateurs naturels. L’humanité, concentrée sur les petites îles de l’Océan Pacifique, n’empiétera plus sur leur habitat.

8. Le Royaume Éternel

Dieu est le Créateur de l’univers visible et invisible. Source de tout ce qui vit, il est pour les siècles des siècles le souverain de son propre Royaume, nation théocratique éternelle et temporelle qui s’étend non seulement sur notre monde ici-bas, mais également dans l’au-delà. La partie céleste du Royaume de Trinité sera nommée Le Paradis tandis que le territoire terrien sera nommée la Terre-Sainte. Celle-ci exercera sa souveraineté sur toutes les îles d’Océanie abritant une population humaine permanente. La Terre-Sainte formera une confédération de paroisses de 500 à 2000 habitants. La démocratie directe s’y appliquera. La dignité de tout être humain y sera sacrée et inaliénable. Tous les citoyens seront libre d’explorer le monde aussi loin et aussi longtemps qu’ils le souhaiteront, mais pas de s’implanter à demeure au-delà des frontières de la Terre-Sainte. Personne n’aura le droit de proclamer la naissance et l’indépendance d’un nouvel état. L’humanité sera toute entière rassemblée dans une unique nation théocratique nommée Terre-Sainte. Avec le Paradis, celle-ci formera le Royaume de Trinité, union du visible et de l’invisible, mais également de l’éternel et du temporel. La Terre-Sainte sera chargée de préparer la sanctification des êtres humains en vue de leur élévation au Paradis.

Nul ne s’élèvera au-dessus des autres.

Chaque paroisse de Terre-Sainte sera administrée par un chapitre de douze conseillers désignés par tirage au sort pour une durée de trois ans. Ce mode de sélection sera considéré comme l’expression de la volonté divine. Sauf en cas d’incapacité médicale reconnue, tout paroissien devra accepter la mission que Dieu lui aura confiée, c’est-à-dire servir son prochain. La politique n’est pas et ne sera jamais un métier. Afin de prévenir toute forme de corruption et de garantir l’intégrité de la fonction, nul ne pourra exercer plus d’un mandat de conseiller au cours de sa vie.

La politique n’est pas l’acomplissement d’une ambition personnelle mais un engagement désintéressé au service de son prochain. Nul ne s’élèvera au-dessus des autres. Pour ne jamais oublier cette vérité, les sessions mensuelles du chapitre commenceront toujours par le rituel du lavement des pieds. À tour de rôle, les conseillers aspergeront d’eau les deux pieds de chacun de leurs pairs, en prononçant les mots suivants :

Le gouvernement de la Terre-Sainte sera formé de douze départements. Chacun d’entre eux sera dirigé par un ministre. Celui-ci sera choisi par Dieu parmi les conseillers de tous les chapitres. La durée du service sera de trois ans. Voici la liste des douze départements :

8.1. Département de l’harmonie sociale

8.1.1. Introduction

L’harmonie sociale est un état de cohésion et de paix qui assure l’équilibre de l’humanité. Elle repose sur l’obéissance à une loi fondamentale que Dieu a offerte aux habitants de la Terre-Sainte pour les aider à progresser sur le chemin qui conduit à la Vérité. La loi, initialement divine, ne doit pas asservir mais servir. Contrairement à la Vérité qui, dans son essence, est une et absolue, la loi doit pouvoir être remise en question et modifiée non seulement par Dieu mais également par l’humanité, si cela s’avère nécessaire. La loi n’est pas la Vérité, mais elle est le chemin qui y conduit.

L’harmonie sociale s’appuie sur la douceur, la fraternité, le respect mutuel, la justice et le pardon. Elle rejette la tolérance qu’elle considère comme un concept particulièrement négatif. Respect et tolérance, bien que souvent confondus, diffèrent fondamentalement dans leur nature et leurs implications. Tolérer, c’est adopter une posture de résignation passive face à quelque chose que l’on trouve désagréable ou contraire à ses propres valeurs. C’est un acte teinté de mépris, où l’on accepte à contrecœur qu’une différence puisse exister. Le respect, à l’inverse, est une reconnaissance positive de la valeur et de la dignité d’autrui. Respecter, c’est honorer l’autre pour ce qu’il est, sans jugement ni réticence, et considérer ses différences comme une véritable richesse. Les gens qui se tolèrent, vivent l’un à côté de l’autre dans l’indifférence ou même l’ignorance. En revanche, ceux qui se respectent font l’effort de vivre ensemble en partageant et en mélangeant leurs valeurs. Le respect implique une appréciation sincère et une reconnaissance authentique de l’autre. Ce n’est pas le cas de la tolérance qui cultive la solitude au lieu d’y mettre fin par l’écoute et le dialogue.

8.1.2. La violence de la non-violence

Le concept doublement négatif de non-violence a fait son temps. Il n’a pas su venir à bout du mal qui ronge notre monde. Il a été porteur de grands espoirs pour l’humanité sans jamais réussir à transformer notre voyage sur la Terre en une belle randonnée vers le Paradis. La non-violence, qui ne veut rien dire du tout, doit céder sa place à une valeur divine qui porte en elle tous les espoirs de l’humanité : la douceur. Tout d’abord, on ne définit pas un mot par son contraire. A-t-on l’habitude de dire d’une personne gentille qu’elle est « non-méchante » ? Une personne « non-laide » est-elle forcément belle ? À ces deux réponses, nous pouvons répondre clairement non. La non-violence ne peut pas s’imposer aux hommes car elle est absolument indéfinissable . Elle peut même être synonyme de soumission, voire donner lieu à des chantages. La violence imprègne tellement notre conscience qu’elle nous a convaincus qu’il n’existait pas de terme pour désigner la force positive qui s’y oppose. Mais il en existe un : la douceur. Abandonnez la non-violence… Laissez-la aux hommes qui se croient immortels et peuvent vivre sans Dieu.

8.1.3. Le concept de douceur

L’essence même de l’harmonie sociale est la douceur. En effet, celle-ci crée un environnement propice à la paix et au dialogue. Elle instaure une culture dans laquelle l’agressivité ne sert plus à rien. Cette valorisation de la douceur renforce les relations interpersonnelles et contribue à une société dans laquelle les individus interagissent avec bienveillance et respect. En retour, une société harmonieuse encourage les comportements doux, générant ainsi un cercle vertueux dans lequel la gentillesse devient la norme. Les objectifs communs de douceur et d’harmonie sociale visent à bâtir une société pacifique, juste et respectueuse, qui élimine les sources de violence et de conflit. En combinant ces éléments, il devient clair que la douceur et l’harmonie sociale sont étroitement liées et essentielles à la construction d’une société qui se tourne vers Dieu pour trouver son équilibre.

8.1.4. L’allocation universelle

Au début de chaque mois, une allocation universelle sera versée à tous les citoyens de Terre-Sainte. Le premier versement s’élèvera à mille deniers. Les montants suivants seront indexés sur la richesse commune disponible. Plus la Terre-Sainte sera riche, plus l’allocation sera élevée. Cette somme d’argent permettra à chacun de se libérer de l’obligation de travailler pour se consacrer à des projets professionnels personnels ou simplement profiter de la vie en voyageant. C’est un instrument de liberté individuelle qui encouragera l’initiative, la dynamique sociale et l’audace. Nul ne pourra en être privé. L’allocation universelle est un marqueur de la dignité humaine.

8.1.5. Héritage, salaire maximal, et caisse personnelle de solidarité

Le salaire mensuel des fonctionnaires de Terre-Sainte ne pourra pas être supérieur à trois fois le montant de l’allocation universelle. Les travailleurs indépendants et les salariés du secteur privé dont les revenus dépasseront sept fois le montant de l’allocation universelle devront verser l’excédent dans une Caisse Personnelle de Solidarité destinée à financer des projets à vocation solidaire ou éducative. Nul ne pourra posséder plus de trente mille deniers sur son compte bancaire personnel. L’excédent sera versé dans la Caisse Personnelle de Solidarité.

8.1.6. La place des animaux

L’humanité a reçu de Dieu la mission de protéger les animaux contre tout ce qui représente une menace pour leur existence. Nous avons le devoir de prendre soin de notre planète et de faire en sorte que les animaux soient heureux d’y vivre. Enfants de la création divine, ils méritent tout notre respect. Si nous leur sommes supérieurs, ce n’est pas dans la dignité, mais dans la responsabilité qui nous incombe de veiller à leur bien-être et à leur bonheur, c’est-à-dire de nous mettre à leur service. Il est temps de renforcer et d’approfondir les interactions entre humains et animaux. Ces derniers, qui n’accumulent ni richesses matérielles ni valeur marchande, rappellent sans cesse à l’homme qu’il est possible de vivre et d’être heureux sans se soucier du lendemain. Dieu pourvoit à tout.

Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. (Matthieu 6:26)

Dans notre univers, la vie et la mort sont inséparables. Elles sont liées par un processus de recyclage permanent et rien de ce qui est vivant n’échappe à cette transformation radicale. C’est elle qui assure l’équilibre de l’insaisissable instant présent. Nous donnons la mort pour rester en vie, et nous ne pouvons pas faire autrement. Que ce soit animal ou végétal, tout ce que nous mangeons est mort. Nous ne pouvons pas rester en vie sans donner la mort à d’autres êtres vivants. Nous devons donc accepter de prendre la vie d’animaux ou de plantes pour assurer notre propre survie. Il n’y a pas d’autre alternative. Vivre d’amour et d’eau fraîche est impossible. Même les végétaliens sont obligés de manger ce qu’ils arrachent ! Face à ce dilemme, la véritable question est : comment offrir la mort de manière respectueuse ? Nous avons oublié la nature sacrée de cet acte. Ce n’est pas un geste anodin, c’est un acte grave. Les mises à mort d’animaux en masse sont un crime contre la création. La consommation de viande doit être modérée (300 grammes par personne et par semaine, jamais le septième jour). Nous avons le devoir de dire au revoir aux animaux qui nous permettent de vivre en nous offrant leur chair. Ils ont le droit de mourir dans la ferme où ils ont été élevés, lors d’une cérémonie spirituelle. Leurs âmes s’élèveront vers le ciel, entourées de ceux qui les ont aimés. Tout animal d’élevage doit recevoir un prénom à sa naissance. Le septième et dernier jour de la semaine, durant la cérémonie de contemplation, on récitera une prière et on observera un moment de silence pour tous les animaux partis vers l’au-delà durant la semaine.

Toute vie animale est sacrée. Par conséquent, l’exhibition dans des spectacles, la torture pour produire du foie gras, l’égorgement pour raison religieuse, les actes de cruauté et les mises à mort au nom d’une tradition culturelle (corridas), seront considérés comme des crimes punis par une peine de réhabilitation. Les structures d’élevages concentrationnaires et les abattoirs industriels seront interdits, tout comme la chasse en tant que loisir. Prendre plaisir à tuer est une perversion. Seule sera autorisée la chasse de subsistance et celle visant à réguler des populations animales présentant, suite à une prolifération incontrôlable, un danger grave pour l’environnement et les cultures. La Terre-Sainte encourage tous ses paroissiens à partager leur vie quotidienne avec des animaux, que ce soit pour avoir de la compagnie ou dans un but utilitaire tel que se déplacer et transporter (véhicules hippomobiles), travailler (labours avec des bœufs ou des percherons, patrouilles de la garde citoyenne à cheval), profiter de la nature (randonnées avec des ânes). L’être humain doit toujours veiller au bien-être des animaux dont il a la charge. Ils font partie du mystère divin.

8.2. Département de l’Enseignement et de l’Éducation

S’il est désormais interdit à l’être humain de coloniser les continents et les grandes îles, il jouit toutefois du droit d’accès à la nature1. Il peut partir à l’aventure aussi longtemps qu’il le souhaite, sur les masses continentales rétrocédées à la faune et à la flore. Cela dit, hors mission scientifique, il lui est demandé de ne pas camper au même endroit plus de deux nuits. Tout citoyen est autorisé à randonner, à installer un bivouac, à cueillir des baies, à ramasser des champignons et à chasser pour se nourrir. L’accès aux territoires radioactifs est strictement prohibé et en cas de situation médicale urgente (morsure, fracture ou autres blessures graves), il n’est pas possible de compter sur une évacuation sanitaire par un service de secours insulaire. Les déplacements sur les continents s’effectuent en autonomie totale et en tenant compte du danger de mort que représentent certaines plantes et certains animaux sauvages.

Dans les archipels et sur les îles de la Fédération Terrienne, le respect de la nature doit être inculqué aux enfants dès l’école primaire. L’objectif est de former des citoyens dotés de solides connaissances en sciences naturelles. Pour ce faire, durant toute la scolarité, quatre à cinq heures par semaine sont dédiées à l’acquisition du module nommé Nature. Ce temps d’apprentissage hebdomadaire comprend deux à trois heures de sorties sur le terrain pour, par exemple, apprendre à reconnaître les plantes, faire des Herbiers, identifier les espèces animales, planter des arbres, construire des haies mortes2 dites haies de Benjes, qui deviendront des haies naturelles après quelques années. Cet enseignement inclut également un apprentissage du maraîchage biologique. Cela est nécessaire compte tenu du fait qu’à partir de l’âge de seize ans, tous les citoyens sans exception doivent offrir quelques heures de travail par semaine dans les jardins potagers ou dans les champs de céréales gérés par la communauté.

L’école est obligatoire de six à dix-huit ans. Elle est gratuite. L’enseignement est dispensé du lundi au vendredi. L’école primaire compte cinq classes nommées P-1 jusqu’à P-5. L’école secondaire en compte sept nommées S-1 jusqu’à S-7. Les classes ne doivent pas accueillir plus de quinze élèves. Le nombre d’heures par semaine est de vingt en primaire et trente dans le secondaire. Le port de l’uniforme est obligatoire. L’enseignement est dispensé en langue locale et en espéranto. Le redoublement n’existe plus. Chaque élève avance à son rythme. Les plus doués dans une matière sont invités à aider leurs camarades éprouvant des difficultés, le but étant de créer un collectif solidaire et de développer une respiration de groupe.

Que ce soit en primaire ou dans le secondaire, l’enseignement est divisé en cinq modules de quatre heures en école primaire et six heures en école secondaire. Voici un aperçu du contenu du programme. Cliquez sur l’image pour l’ouvrir.

Ces douze années d’enseignement sont sanctionnées par le diplôme des écoles. Il ouvre la voie à une formation de maître-artisan d’une durée de trois ans, ou bien à des études universitaires dans les Implantations Martiennes. Ce dernier choix suppose de quitter la planète Terre pour une période d’au moins trois ans. Mais quel que soit son niveau d’études, tout citoyen doit maîtriser un métier manuel.

L’éducation n’est pas l’apanage du seul corps enseignant. Toute la communauté doit se sentir impliquée dans cette mission qui visent à former des citoyens libres et responsables. L’ignorance est l’ennemi de l’humanité. Elle est un terreau sur lequel pousse la violence. L’école doit être au cœur de la structure communautaire. Les élèves ne doivent pas rester assis toute la journée derrière leur pupitre à écouter bien sagement leur professeur sans pouvoir se permettre de contredire celui-ci en cas de désaccord. Le partage et l’échange doivent être permanents. Quelle qu’en soit la nature (professionnel, artistique ou littéraire), la mission de celles et ceux qui maîtrisent un savoir, est de le transmettre aux générations futures, comme on offre un cadeau.

Le sport est pratiqué dès l’âge de six ans. Il est dispensé non pas par l’école mais par l’association sportive présente dans chaque communauté. Le sport professionnel est interdit. Avant d’être une histoire de compétition, Le sport est d’abord une activité physique permettant de se sentir mieux dans son corps. Sport et santé sont indissociables. Les sports collectifs, tels que le football et le rugby par exemple, ne doivent jamais donner lieu à des manifestations de chauvinisme, encore moins à des actes de violence. Dans chacun des sports collectifs, un championnat désignant la meilleure équipe des communautés terriennes, peut être créé. Les associations sportives des communautés ne sont pas autorisées à fusionner entre elles pour former des équipes dotées de moyens humains et financiers plus conséquents. Le seul échelon sportif est la communauté.

1https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_d%27acc%C3%A8s_%C3%A0_la_nature

2https://fr.wikipedia.org/wiki/Haie_morte

8.3. Département du Travail et de l’Apprentissage

L’industrie qui, depuis le XIXe siècle, a exploité des millions d’êtres humains pour le seul profit de quelques-uns, est interdite sur tout le territoire de la Fédération Terrienne. Le découpage du travail en petites séquences répétitives qui transforment les êtres humains en robots et qui les privent de toute réflexion, est interdit.

Seules sont autorisées les entreprises artisanales offrant à leurs employés, la possibilité d’effectuer leur tâche de A à Z. Par exemple, un ébéniste va fabriquer son meuble du début jusqu’à la fin, ce qui suppose, certes, une bonne maîtrise du métier, mais qui est aussi la promesse d’un travail varié, où on ne voit pas le temps passer. Tout citoyen, y compris ceux qui envisagent de poursuivre des études, doivent maîtriser un métier manuel à la fin de leur scolarité obligatoire. Le travail ne doit jamais s’apparenter à une forme d’esclavage. L’artisan crée un objet ou offre un service qui donne un sens à son quotidien professionnel. Il est heureux parce qu’il se sent reconnu dans ses compétences.

8.4. Département de la Justice, du Pardon et de la Réhabilitation

La majorité est fixée à vingt-et-un ans.

8.5. Département de la Foi, de la Philosophie et de la Culture

Toute personne est libre de pratiquer sa foi sans être inquiétée, à condition que celle-ci respecte la liberté d’autrui. Le prosélytisme est strictement interdit. Les cérémonies ou les manifestations religieuses dans l’espace public sont autorisées après avoir obtenu l’accord du chapitre de la communauté concernée. Toute personne est libre de changer de religion ou de se déclarer non croyante. La Fédération Terrienne ne reconnaît pas la laïcité qui était la norme dans certaines nations de l’ancien monde. Elle incite les fidèles des différentes traditions religieuses à ne pas craindre d’exprimer leur foi et à pratiquer un véritable œcuménisme cultuel en se donnant pour idéal de parvenir à l’unité.

Quelles que soient leurs convictions religieuses ou philosophiques, les citoyens de la Fédération Terrienne doivent prendre garde de ne pas blesser leurs frères et sœurs en humanité. Ils doivent faire preuve de respect les uns envers les autres. Toutes les religions présentes dans la Fédération Terrienne doivent accepter le principe d’égalité des genres. Concrètement, cela veut dire que l’expression de l’infériorité de la femme au travers d’un attribut vestimentaire, est interdite. Cela signifie également que quelle que soit la religion, une femme ou une personne transgenre peut occuper n’importe quel ministère ou n’importe quelle fonction. Il est du devoir du ministère fédéral de l’Intérieur de veiller à ce que cette disposition égalitaire soit appliquée dans toutes les communautés. Les religions et leurs livres sacrés sont enseignées en cours de philosophie, non pas dans un esprit catéchétique, et encore moins dans un esprit prosélyte, mais dans un souci de rapprochement œcuménique.

L’être humain n’est pas un bien de consommation. Cela signifie que les citoyens de la Fédération Terrienne doivent faire preuve de discernement pour adopter des lois qui ne réduisent pas le corps d’un être humain à une marchandise ou à un outil de production. Le corps physique est le temple de l’âme pour les croyants et l’écrin de la conscience pour celles et ceux qui ne se réclament d’aucune tradition spirituelle.

L’adoption n’est pas autorisée. Tout enfant orphelin ou qui n’est pas reconnu par ses parents devient pupille de la communauté où il réside jusqu’à ce qu’il ait atteint la majorité. Ce paragraphe vise à empêcher la marchandisation des êtres humains en interdisant par exemple la gestation pour autrui (GPA).

L’institution du mariage est abolie et est remplacée par l’union amoureuse. Indépendamment du genre, tout couple qui déclare s’aimer a le droit de s’unir si aucun des deux amoureux ne l’est déjà.

La dissolution est autorisée si les enfants issus du couple sont majeurs et si le couple a effectué sans succès un processus de dialogue d’une durée de douze mois, sous la supervision d’un couple de citoyens accepté et reconnu par les deux parties en conflit. Si les enfants ne sont toujours pas majeurs et que la vie de couple s’avère impossible, la dissolution de l’union amoureuse est prononcée et les enfants deviennent pupilles de la communauté jusqu’à l’âge de vingt-et-un ans. Cette décision, grave, revêt un caractère exceptionnel. Ce dernier point peut sembler particulièrement sévère, mais il vise à rappeler qu’un couple de parents a des devoirs envers ses enfants, dont le premier qui est de rester ensemble malgré les désaccords. L’équilibre des enfants passe avant le bonheur des parents.

2.1. Le Notre Père

Pour tous les croyants, le Notre Père est et restera la prière centrale, celle que Jésus nous a enseignée et qui transcende toutes les traditions.

Notre Père, qui es aux cieux,

que ton nom soit sanctifié,

que ton règne vienne,

que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.

Pardonne-nous nos offenses,

comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

Et ne nous laisse pas entrer en tentation

mais délivre-nous du Mal.

Amen

2.2. L’œcuménisme

Nourrissons-nous de spiritualité. Prions, chantons et méditons jusqu’à ce que notre esprit, transfiguré, se révèle aux autres dans toute sa beauté. Quelle que soit notre tradition religieuse, n’hésitons pas à partager nos prières et nos rites. Ne fermons pas notre cœur. Enrichissons-nous de nos différences et tous les jours, réjouissons-nous de pouvoir réciter ensemble cette prière pour l’unité.

Ô Dieu, que ta présence illumine notre esprit.

Fais grandir en nous le désir de vivre en harmonie.

Guide-nous sur le chemin de la douceur,

celle qui ouvre le cœur de chacun d’entre nous,

pour accueillir la paix que tu nous offres.

Protège-nous de la violence et de la guerre.

Conduis-nous vers l’unité parfaite, toi qui règnes pour l’éternité.

Libres à nous de modifier le texte si nous jugeons que sur tel ou tel point, cela se justifie. Mais faisons-le après un long temps de discernement, sans passion et sans haine.

2.3. La vie et la mort

Une société ne peut pas se construire sur la mort, et elle ne peut pas décréter qui doit vivre ou mourir. Cette décision n’appartient qu’à Dieu. Par conséquent, quel que soit le degré de division cellulaire d’un être humain ou animal, qu’il soit un embryon ou un adulte, nous n’avons pas le droit de lui ôter la vie activement. On ne tue son prochain ni par interruption volontaire de grossesse, ni en prenant part à une guerre, ni pour exécuter un acte de justice, ni sous le prétexte de mettre un terme à une maladie ou à la vieillesse. La seule exception est la légitime défense, mais son champ d’application est très restreint.

La décision de vie ou de mort n’appartient qu’à l’Éternel. Nous devons tout mettre en œuvre pour faire grandir notre part divine sans pour autant nous prendre pour Dieu. Rapprochons-nous de notre créateur mais ne le remplaçons pas.v

8.6. Département de la Santé et du Bien-être

Tout gaspillage doit être éliminé. Dans l’objectif de préserver la nature et de faire prendre conscience aux paroissiens de l’importance de cette mission, la collecte, le tri des ordures et leur revalorisation sont assurés à tour de rôle par tous les paroissiens majeurs et valides, sans aucune exception. Ces paroissiens, lorsqu’ils sont en service Collecte et recyclage, participent également à la restauration, à la rénovation et à la remise en service d’objets réparables. Cette disposition très particulière obligeant tout citoyen à participer à la collecte, au tri des déchets et à leur revalorisation, a un objectif précis, celui d’inciter les citoyens à ne pas prendre à la Terre plus de ressources qu’elle ne peut en offrir, sous peine de déséquilibrer l’écosystème. Elle fait également prendre conscience de l’importance de certaines activités professionnelles injustement dévalorisées. C’est le cas de la collecte des déchets, activité professionnelle qui s’apparente non pas à un métier mais à une corvée. À moins de faire preuve d’une parfaite hypocrisie, personne ne rêve de voir son enfant devenir agent de collecte des ordures. Dans cette branche, il n’existe de toute façon pas de formation professionnelle sanctionnée par un examen. Par conséquent, cette tâche n’est pas un travail mais une corvée qui doit être effectuée par l’ensemble des citoyens.

8.7. Département de l’Environnement, de l’Architecture et de la Beauté

8.8. Département des Finances

Interdiction du capitalisme

Né dans l’esprit démoniaque de l’ange des ténèbres, le capitalisme, instrument du mal, s’est vu confier une mission funeste : détourner l’humanité du vrai Dieu, afin que celle-ci fasse allégeance aux forces idolâtres de l’argent. Ce dessein est une abomination. Quiconque s’y soumet, se place en dehors de la protection divine.

8.9 Département de la Garde Royale

L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.(Jean-Jacques Rousseau)

Chaque communauté entretient une Garde Citoyenne dont le personnel, employé à temps partiel, est égal au nombre d’habitants divisé par cent. Les gardes sont désignés par tirage au sort parmi la population, pour une durée de douze mois et, sauf raison médicale, ils ne peuvent pas refuser le service. Il s’agit d’un corps de police non armé, chargé de résoudre les conflits en instaurant un dialogue dans un esprit de douceur. La Garde Citoyenne est chargée de faire appliquer les lois relatives au respect des biens et des personnes. Pour toute situation dépassant sa capacité d’intervention, la Garde Citoyenne peut faire appel à la Garde Fédérale, corps armé constitué de professionnels dotés de capacités opérationnelles plus poussées.

En ce qui concerne les personnes condamnées, toute peine s’effectue en travaux d’intérêts généraux. L’incarcération est exceptionnelle. Ce traitement n’est réservé qu’aux personnes présentant un danger pour elles-mêmes ou pour autrui. L’écrou est levé dès que la prise en charge personnalisée permet à la personne condamnée, d’effectuer sa réhabilitation dans une activité étroitement liée à la nature. Cette décision doit être prise par un collège d’experts pluridisciplinaires. La peine de mort, qui n’est pas une décision appartenant aux êtres humains, est définitivement abolie.

8.10. Département de l’Économie

8.11. Département de l’Agriculture, du Maraîchage, de la Chasse et de la Pêche

Tout citoyen aura droit à une alimentation biologique saine et équilibrée. Les paroisses devront veiller à ce que l’autonomie alimentaire soit assurée, dans le respect des normes de qualité et de sécurité. Pour atteindre cet objectif, il sera créé dans chaque paroisse un département de maraîchage biologique ainsi qu’un département de chasse, pêche et élevage respectueux du bien être des animaux. Toute mise à mort d’un animal devra épargner à ce dernier, douleurs et souffrances inutiles. Il est souhaitable qu’elle soit précédée d’une cérémonie spirituelle durant laquelle l’animal qui offrira sa chair, sera remercié et béni. Qu’elle soit issue de l’élevage ou de la chasse, la consommation de viande ou de poisson ne devra pas dépasser trois cents grammes par personne et par semaine. Dès l’école primaire, les jeunes citoyens doivent être sensibilisés à l’importance d’une nourriture saine et variée, tout en n’oubliant pas que manger et boire avec modération, c’est aussi prendre du plaisir avec sa famille ou son cercle d’amis.

8.12. Département de la Recherche et du Progrès au service de la Création

Idées à développer

7.1. Environnement

Si Dieu est notre matrice spirituelle, la planète Terre est notre matrice naturelle. L’homme qui n’a plus accès à ces deux sources, ne peut survivre : la vie humaine, tout comme celle des plantes, dépend de cet équilibre essentiel.

Vers la reconnaissance d’un crime contre la création

Article 1 — Définition du crime contre la création
Tout acte délibéré, massif et irréversible qui portera atteinte à la nature, à la biodiversité ou aux équilibres fondamentaux de la planète, et compromettant gravement la survie des espèces animales et végétales, constituera un crime contre la création.

Article 2 — Responsabilité
Les personnes physiques ou morales qui, par décision, action ou omission, contribuent directement à la destruction irréversible des écosystèmes naturelsSont reconnus responsables de ce crime .

Article 3 — Sanctions
Toute personne reconnue coupable d’un crime contre la création est passible de poursuites devant une juridiction internationale, assorties de sanctions proportionnées à la gravité des dommages causés et visant à réparer, autant que possible, la nature détruite.

GPA

pèlerinage en silence

  1. Dans le bouddhisme, la réincarnation est automatique, gouvernée par le karma, pas par un pardon divin. Il n’existe pas de séjour des morts unique. Après la mort, la conscience passe par un état intermédiaire, puis renaît selon son karma. Tant qu’il y a attachement, ignorance et actions karmiques, la conscience reprend une nouvelle existence. Dans le bouddhisme, il n’y a pas de jugement divin ni de seuil fixé par une autorité extérieure. Il n’y a pas de royaume divin éternel. Le but ultime est le nirvāṇa, l’extinction de la souffrance et la libération du cycle des renaissances (samsāra). Ce n’est pas un lieu, mais un état d’éveil et de liberté. Il n’existe pas de Dieu créateur. ↩︎

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