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République autonome de Vendée

1. Objectif

Urne électorale

Dans le cadre d'une France devenue fédérale, les habitants de la Vendée seront autorisés à organiser un référendum pour transformer leur département en république.

En cas de résultat positif, la Vendée deviendra autonome et bénéficiera alors d'une large dévolution des pouvoirs. La question posée pourra être la suivante:

Voulez-vous que le département de la Vendée quitte les Pays de la Loire et devienne la République de Vendée ?

Pour que le référendum soit validé, le Oui devra l'emporter avec au moins soixante pour cent des suffrages exprimés.

2. Institutions

2.1. Langue officielle

Drapeau de la francophonie

La langue officielle de la République de Vendée sera le français. Tout sera mis en œuvre pour préserver son élégance, son excellence, et contribuer ainsi à son rayonnement international.

En revanche, aucune mesure ne sera prise pour préserver le parler local issu du poitevin et connu sous le nom de parlanjhe. Celui-ci va donc disparaître, faute de transmission. L'écriture inclusive sera interdite dans toutes les administrations publiques. Pour s'adresser à un groupe mixte, les Vendéens seront libres d'utiliser soit le masculin pluriel soit le féminin pluriel, mais pas l'écriture inclusive qui brise la fluidité du discours et rend la lecture particulièrement difficile. Dans un souci d'égalité des genres, on pourra donc écrire Chers amis ou Chères amies. Tout dépendra de la proportion de femmes et d'hommes formant un groupe à qui l'on s'adresse.

La République de Vendée, en qualité de région francophone, posera sa candidature auprès de l'Organisation internationale de la francophonie. Les Français ne mesurent pas la chance qu'ils ont de pouvoir s'exprimer dans une langue si belle et si raffinée. Le français est un joyau qui ne doit surtout pas continuer d'être l'instrument d'une politique de nivellement par le bas. Il doit être mis au service d'une éducation et d'une culture qui se donnent l'ambition d'être élitistes et exigeantes.

Ma patrie, c'est la langue française.
Albert Camus (1913-1960)

2.2. Tirage au sort des représentants

Tableau d'Urbino, l'école d'Athènes

Le suffrage des électeurs, source de clientélisme favorisant à plus ou moins long terme l'immobilisme, sera aboli et remplacé par le tirage au sort.

La politique n'est pas un métier mais une mission temporaire altruiste et désintéressée au service de ses concitoyens. Les partis politiques seront interdits. Les communes seront remplacées par des dèmes qui ne pourront pas dépasser deux mille habitants. Chaque dème sera administré par un chapitre de délégués dont le nombre sera défini en fonction de la population. Les délégués seront désignés par tirage au sort pour un mandat d'une durée de trois ans. Le chapitre de chaque dème devra obligatoirement compter un délégué mineur dont l’âge sera compris entre seize et dix-huit ans, et un délégué senior âgé d’au moins soixante ans. Sauf cas de force majeure (maladie ou handicap entraînant une grave incapacité), il ne sera pas possible de décliner le mandat, mais les délégués ne pourront en effectuer qu’un seul durant toute leur vie. Cette règle sera établie dans le but d’éviter toute addiction au pouvoir, source de corruption et de clientélisme.

Nombre d'habitants Nombre de délégués
Moins de 250 5
Entre 250 et 500 7
Entre 500 et 750 9
Entre 750 et 1000 11
Entre 1000 et 1250 13
Entre 1250 et 1500 15
Entre 1500 et 1750 17
Entre 1750 et 2000 19

En son sein, le chapitre désignera par tirage au sort, un démarque, c'est-à-dire un médiateur des débats dont la durée du mandat sera de douze mois. Son rôle, en début de séance, sera de proposer un ordre du jour établi en fonction du cahier de doléances de l'agora, c'est-à-dire de l'ensemble des citoyens formant un dème. Le démarque veillera également à la bonne tenue des débats. À l’issue de cette mission, le démarque redeviendra délégué et ne pourra pas être désigné pour un second mandat. Toute décision prise par le chapitre sera votée à main levée et devra faire l'objet d'un consensus permettant d'obtenir in fine l'accord de tous les délégués sans exception, c'est-à-dire l'unanimité des voix.

2.3. L'agora citoyenne

Cahier de doléances

L'agora citoyenne est un outil de démocratie directe qui sera mis à la disposition de la population vendéenne dans tous les dèmes. Chaque foyer recevra un ordinateur portable équipé d'un système d'exploitation libre de type Linux, et de divers logiciels permettant un travail collaboratif, un échange d'idées, ainsi qu'un suivi des projets qui auront été sélectionnés par les chapitres. Voici quelques exemples d'outils collaboratifs issus de la culture libre:

Outils collaboratifs libres Exemple
Logiciel de gestion de versions Gitea
Éditeur de texte collaboratif Framapad
Documentation collaborative MediaWiki

Tous les citoyens seront fortement encouragés à participer activement à la vie politique de leur dème.

3. Administration

3.1. Découpage de la Vendée en dèmes

Communes de Vendée

Les communes et les communautés de communes disparaîtront. Elles seront remplacées par ce que les Grecs appelaient des dèmes. Ceux-ci ne devront pas compter plus de 2000 habitants. Par conséquent, tout le territoire vendéen sera redécoupé en fonction de cette nouvelle exigeance. Tout dème dépassant les deux mille habitants sera partagé jusqu'à ce qu'il se retrouve sous ce seuil de population. Les villes vendéennes, bien que de taille modeste, n'échapperont pas à cette réorganisation territoriale. Mais il s'agit d'un redécoupage purement administratif. La ville des Sables-d'Olonne, par exemple, en tant qu'entité culturelle et historique, ne disparaîtra pas. Les différents dèmes qui la composeront, seront même libres de mener à bien des projets communs, mais ils ne pourront pas fusionner entre eux.

Le parlement monocaméral de Vendée comptera trente-quatre députés. Par conséquent, la Vendée sera divisée en trente-quatre circonscriptions législatives. Celles-ci ne seront pas des personnes morales. Elles n'auront ni budget ni employés. Elles n'existeront que le temps de tirer au sort un citoyen par circonscription. Sauf cas de force majeure (maladie ou handicap), Les citoyens désignés par tirage au sort ne pourront pas refuser de siéger pour un mandat de trois ans au parlement de Vendée.

Le parlement vendéen tirera au sort parmi ses membres, un seul et unique député qui siégera à l'Assemblée nationale de la République française.

À suivre

3.2. Intégration d'une commune à la Vendée

Carte topographique de Legé (44) Current

Toute commune située dans un département limitrophe pourra demander son rattachement à la Vendée, à condition qu'il y ait une continuité territoriale, ceci pour éviter la création d’enclaves vendéennes dans les départements voisins. Prenons comme exemple la commune de Legé, dans le sud de la Loire-Atlantique. Si elle souhaite rejoindre la Vendée, elle devra:

3.3. La Roche-sur-Yon deviendra Bonchamps

La mort de Bonchamps

Voilà bien un projet qui me tient particulièrement à cœur. Je serais très heureux si la ville de La Roche-sur-Yon, chef-lieu du département de la Vendée, abandonnait son nom pour adopter celui de Bonchamps. Ce serait une façon d'honorer la mémoire de cet officier vendéen qui gracia cinq mille prisonniers républicains à la bataille de Cholet. J'éprouve une profonde admiration pour cet homme qui nous rappelle que seul l'arme du pardon peut triompher définitivement du mal. Pour moi, ce geste marque le véritable acte de naissance de la Vendée.

Il me semble que Bonchamps est plus joli que le nom actuel qui se transforme souvent à l'oral en La Rochurion! Le changement de nom ne serait pas un traumatisme pour cette ville qui en a l'habitude! Fondée en 1804 par Napoléon Bonaparte au centre du département, dans le but de contrôler une population difficile à soumettre, la Roche-sur-Yon a changé huit fois de nom en moins de soixante-dix ans, ce qui est une performance unique en Europe!

3.4. Que vont devenir les Pays de la Loire?

Sans le département de la Vendée, la survie des Pays de la Loire ne sera pas remise en cause. Cette région comptera encore quatre départements, à savoir:

Carte des Pays de la Loire
Current

Ces deux derniers territoires verront probablement certaines de leurs communes intégrer la nouvelle République de Vendée. Je pense notamment à Legé, à Remouillé ou à l'agglomération de Cholet. Mais quoi qu'il en soit, l'ensemble sera parfaitement viable économiquement.

Si la Loire-Atlantique décide de rejoindre la Bretagne, les trois départements restants pourront tout à fait choisir de former une région Maine-Anjou. Il restera une dernière option qui sera la constitution d'une région du Maine à côté d'une petite région d'Anjou. La taille n'a aucune importance. Je rappelle que le Luxembourg, état souverain, est bien plus petit qu'un département français!

Pour conclure, la création de la République de Vendée ne mettra pas en péril le fragile équilibre de l'ouest de la France. Le danger est clairement localisé en Bretagne, province qui tend à se renfermer sur elle-même et qui va finir par céder aux sirènes d'un régionalisme aux relents ethnicistes voire fascistes. Cet entretien avec Françoise Morvan, spécialiste de l'extrémisme breton, est édifiant. Prenez le temps de le lire. La Vendée ne doit absolument pas s'engager sur ce chemin qui conduit à la haine et au rejet de l'autre parce qu'il vient d'ailleurs.

C'est vrai qu'ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est d'être habités
Et c'est d'être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Georges Brassens - La ballade des gens qui sont nés quelque part

4. Écologie

4.1. L'homme dans le règne animal

Un homme et une femme

L’être humain (homo sapiens) appartient au même règne que toutes les autres créatures qui peuplent cette planète... Et comme il est répertorié dans l’ordre des primates, nous pouvons même affirmer que l’être humain est un singe comme les autres, avec toutefois quelques traits spécifiques tels que la bipédie ou la capacité à vocaliser. Depuis l’extinction de l’homme de Néandertal, l’homo sapiens est la dernière espèce représentant le genre homo. Voilà donc la situation aujourd'hui.

L'être humain ne peut pas être considéré et ne peut pas se considérer comme supérieur aux autres animaux. Mais nous sentons bien qu'il occupe une place à part dans le mystérieux plan divin. Cela est certainement dû au fait qu'il est doté d'une intelligence le rendant capable d'appréhender le bien et le mal, donc de comprendre la nature du péché. En devenant Jésus, Dieu a marqué de son sceau l'esprit de chacun d'entre nous. Quelques millénaires avant notre ère, il avait choisi le petit peuple juif pCurrent our construire avec lui une alliance éternelle... Pour une raison qui dépasse notre entendement, se peut-il qu'à l'aube de l'humanité, dans le jardin d'Éden, le Créateur ait décidé de bâtir une alliance avec un animal, l'homo sapiens en l'occurrence? Dieu fait espèce, Dieu fait peuple, et enfin Dieu fait homme... L'omniprésence du principe trinitaire sur lequel repose notre monde.

À SUIVRE
La question n’est pas : "peuvent-ils raisonner?", ni "peuvent-ils parler?", mais "peuvent-ils souffrir?"
Jeremy Bentham, Introduction aux principes de la morale et de la législation, 1789

4.2 L'écologie est notre bien commun

Jardin d'Éragny (Camille Pissarro)

Moi qui aime la nature, le jardinage et les animaux au point d'en être (presque) devenu végétarien, je suis absolument désespéré de constater que le thème de l'écologie a été confisqué et saboté par deux partis politiques d'extrême-gauche, lesquels préfèrent offrir une tribune à un rappeur islamiste antisémite plutôt que de réfléchir à des questions d'intérêt général voire de survie, telles que la souveraineté alimentaire biologique. Je préfère le terme de souveraineté à celui d'autosuffisance car c'est bien LA question qui va se poser dans un avenir sans doute plus proche qu'on ne l'imagine. L'extrême-gauche, très urbaine et complètement déconnectée de la réalité, l'a oublié mais les légumes poussent dans un substrat naturel qu'on appelle la terre. La question qui se pose est la suivante. Aux pays des usines à la campagne et des lotissements qui s'étalent, reste-t-il suffisamment de surfaces non artificialisées et aussi de volonté politique, pour que chaque municipalité réserve une partie de ses terres au maraîchage biologique avec l'objectif de nourrir tout le monde de façon saine?

Je rêve d'une Vendée où, dans chaque commune, la souveraineté alimentaire biologique serait assurée par des maraîchers communaux professionnels secondés par des citoyens lambda. Ces derniers accepteraient d'investir du temps et de l'énergie pour produire une alimentation saine et qui, financièrement, ne laisserait personne sur le bord du chemin. Je rêve de voir des professeurs soutenus par des adultes, accompagner une fois par semaine les écoliers au jardin potager communal pour qu'ils apprennent à faire la différence entre un concombre et une courgette, à prendre soin des tomates, à recouvrir la terre d'un paillage, à produire du compost, à vivre au gré des saisons tout simplement...

À suivre...

4.3. Collecte et recyclage des déchets

Collecte des déchets

À compléter...

5. Ordre public

5.1. Forces de l'ordre

Hélicoptère de la gendarmerie

Toutes les unités de police nationale, de police municipale et de gendarmerie nationale stationnées en Vendée seront dissoutes et remplacés par un unique corps de gendarmerie implanté uniformément sur tout le territoire. Cette force unifiée prendra le nom de Gendarmerie vendéenne . Elle comprendra une unité spéciale baptisée GSI, c'est-à-dire Groupe spécial d'intervention et basée dans un dème de Bonchamps (anciennement La Roche-sur-Yon).

En outre, elle pourra lever en quelques heures une ou plusieurs CMS (compagnies mobiles de sécurité) constituées de gendarmes normalement en poste dans les différentes casernes maillant le territoire, mais qui auront également été formés pour assurer le maintien de l'ordre. La Gendarmerie vendéenne sera placée sous l'autorité du ministère de l'intérieur vendéen.

6. Justice

6.1. Rôle de la justice

L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté.
Jean-Jacques Rousseau
Allégorie de la justice

Née en même temps que les premières sociétés humaines, la justice, principe philosophique majeur, est un outil au service de l'ordre et donc de la liberté... Liberté de ne pas se faire agresser, de ne pas se faire voler, de ne pas se faire tuer, liberté de pouvoir profiter chaque matin du premier jour qu'il nous reste à vivre.

Le rôle de la justice est avant tout de punir tout citoyen reconnu coupable d'avoir fait subir un préjudice plus ou moins grave à autrui et par conséquent à la société. Cela dit, la punition n'est pas et ne peut pas constituer une vengeance, car celle-ci, en excluant le pardon, nourrit la violence et le chaos. La vengeance, de par sa nature destructrice, ne sera jamais du côté de l'ordre. La punition est une peine qui doit permettre à celles et ceux qui se sont opposés à l'ordre et à la liberté, d'entrer dans un processus plus ou moins long de réhabilitation, afin d'obtenir idéalement le pardon de la victime ou de ses proches. Cet acte, très exigeant, permet de mettre un terme au cercle infernal de la vengeance. La justice ne peut ni ignorer ni exclure les victimes. Si elle ne reconnait pas leurs souffrances, comment peut-elle exiger d'elles qu'elles pardonnent ?

6.2. La peine de mort

Guillotine

Le vendredi 22 septembre 1882, Pierre-Jules Barbier, ouvrier agricole de trente-trois ans et auteur, quelques mois plus tôt, d'un crime particulièrement barbare dans la commune de Saint-Vincent-Sterlanges où il résidait, est guillotiné en place publique à la Roche-sur-Yon. Il est le dernier condamné à mort exécuté en Vendée, et personnellement, j'espère qu'il le restera. Je suis farouchement opposé à la peine capitale car la nature définitive et irréversible de cette sentence anéantit tout espoir de rédemption. C'est le triomphe ultime de la vengeance sur le pardon, une victoire de la mort sur la vie, une damnation éternelle qui ne répare rien et n'aide pas les victimes à se reconstruire.

La sentence n'autorise aucune révision. Par conséquent, elle ne peut être prononcée que par une justice divine, infaillible et parfaite, ce qui n'est pas le cas. La justice est rendue au nom de l'humanité. S'il s'avère qu'après l'exécution, nous sommes en présence d'une erreur judiciaire, aucune réparation n'est possible. La résurrection est exclue et l'innocent devenu victime continuera de purger sa peine jusqu'à la fin des temps. Pour cette raison, la peine capitale ne sera jamais appliquée en République de Vendée. Nous ne pouvons pas nous prendre pour Dieu.

6.3. Détention et réhabilitation

Guillotine

Toute personne soupçonnée d'un crime justifiant un mandat de dépôt sera incarcérée en détention provisoire au centre de réhabilitation de Bonchamps dans un quartier réservé, à l'écart des détenus définitivement condamnés. Toute personne reconnue coupable d'un crime dont la gravité justifie une incarcération, sera condamnée et écrouée pour une durée qui ne sera jamais précisée au moment où le verdict sera prononcé, car elle dépendra du processus de réhabilitation propre à chaque détenu. Cela signifie que dans le scénario le plus sombre, un condamné pourra rester écroué toute sa vie s'il s'avère que son processus de réhabilitation est un échec, et qu'il continue de représenter un véritable danger pour la société. La réhabilitation d'un détenu, qui passe aussi par la réparation, devra obligatoirement associer les victimes. Celles-ci devront être accompagnées et soutenues par le département psychosocial du centre de réhabilitation. Le but est de parvenir à ce que la personne condamnée prenne conscience de la gravité de son acte et qu'elle obtienne par, son repentir sincère et ses efforts de réinsertion, le pardon de ses victimes.

6.4. Conditions de détention

Les cellules sont toutes individuelles.

À suivre

7. Architecture

7.1. Mettre fin aux lotissements

Lotissements

J'ai grandi dans une commune du Haut-Bocage vendéen dont la population, au début des années soixante-dix, dépassait à peine les six cents habitants. Cinquante ans plus tard, elle en compte mille cinq cents qui s'étalent dans un labyrinthe de lotissements agrémentés de parterre de fleurs d'une propreté qui confine à la pathologie. Devant les portes des garages où stationnent des SUV, l'asphalte ne laisse aucune chance au moindre brin d'herbe. Les gens vivent en bonne intelligence pour la simple et bonne raison qu'ils ne se croisent plus. Le petit bourg autrefois animé par de nombreux commerces s'est transformé en cité-dortoir. Dans mon enfance, je me souviens qu'il y avait deux magasins d'alimentation, une poissonnerie, une boucherie, une boulangerie, un coiffeur, deux bistrots, une permanence des PTT, une annexe du Crédit Mutuel, un cordonnier et un forgeron. Croyez-le ou non, il ne reste plus rien de tout cela, absolument plus rien. Le centre-bourg est devenu aussi silencieux que le cimetière. Les artisans, par contre, se portent à merveille. Leur activité est florissante mais pour combien de temps encore?

Rien n'illustre mieux la situation actuelle que la chanson de Francis Cabrel intitulée carte postale. On peut incriminer le système économique qui ronge le tissu social comme une lèpre, mais il me semble que le modèle architectural des lotissements a également sa part de responsabilité dans cette déliquescence. Autrefois, je veux dire avant ma naissance, la commune où j'ai grandi ne comptait que quelques rues bordées de maisons toutes mitoyennes sans exception. Les façades dissimulaient plusieurs jardins eux-même accolés qui donnaient l'impression d'une grande surface dédiée au maraîchage. Bien sûr, il y avait un manque d'intimité mais il était compensé par un véritable esprit de voisinage, des liens sociaux solides et une solidarité plus forte. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.

Maintenant, laissez-moi vous poser une question. Avez-vous déjà vu des commerces dans des lotissements. Vous êtes-vous déjà promenés dans une rue commerçante située au cœur d'un lotissement? Non, car cela n'existe pas... Personne ne se promène dans ce genre de lieu, à moins d'y habiter et d'avoir un chien à sortir matin et soir.

Outre le fait que ce modèle architectural qui s'est imposé dans les années soixante-dix, assèche le tissu social, il est aussi responsable de l'artificialisation insensée de terres agricoles ou des surfaces naturelles. Il est temps de repenser complètement l'architecture de nos petits bourgs afin qu'elle s'intègre à son environnement naturel en préservant celui-ci le plus possible. Il est temps de redynamiser nos villages en remplaçant les lotissements par un modèle qui protège certes un peu moins l'intimité mais qui est beaucoup plus social et vivant. Il est temps de revenir à une architecture qui a prouvé son humanité en traversant les siècles.

Lotissements

8. Histoire, légendes et coutumes

8.1. Les Deux-Lays

Le Lay, fleuve vendéen

On dit de La Vendée qu’elle est le seul département qui s’est transformé en province historique. Son acte fondateur, c’est la Révolution française. Sans elle, ce territoire en cul-de-sac serait resté le Bois-pas-tout Bas-Poitou, et aujourd’hui encore, il porterait ce nom ridicule.

Si la révolution fut la sage-femme de la Vendée, c’est une guerre sanglante qui a forgé son âme, une guerre qu’il faut taire car elle écorne le mythe fondateur de notre nation. En 1793, la France est devenue un régime totalitaire, et comme tous les totalitarismes, elle a fêté ça en se payant un crime de grande envergure sanctionné par un changement de nom ne laissant aucun doute sur la nature radicale du projet révolutionnaire. Le 18 brumaire An II, La Vendée fut officiellement rebaptisée le département Vengé. Tout au long du dix-neuvième siècle, les Vendéens ont vécu comme des parias, presque en autarcie, dans un département transformé en zone de non-droit… Mais leur isolement leur a permis de se reconstruire, de panser leurs blessures, de ne plus compter que sur leur forces pour continuer à vivre malgré tout. Leur foi profonde les a invités à pardonner, car sans le pardon, pas de résurrection.

La Vendée a offert à la France Georges Clémenceau, l’homme qui lui a permis de sortir vainqueur de la première guerre mondiale, et le Maréchal Jean de Lattre de Tassigny, témoin le 8 mai 1945 de la capitulation sans conditions de l’Allemagne nazie. Tous les deux étaient originaires du même village, Mouilleron-en-Pareds. Le premier était un homme de gauche, radical-socialiste, nourri aux idéaux de la Révolution française, né d’une mère protestante mais élevé dans l’athéisme. Le second était issu d’une famille apparentée à la grande bourgeoisie française. Blessé cinq fois durant la grande guerre, il s’est également illustré pendant la seconde guerre mondiale dans les rangs de la France Libre. De Lattre de Tassigny a été le seul général français autorisé à commander des grandes unités américaines.

La Vendée est fidèle mais également non-conformiste, plurielle et difficile à dompter. Dans l’imaginaire collectif, ses habitants sont tous catholiques, conservateurs et royalistes, ce qui n'est pas mon cas. Je suis clairement protestant, modérément progressiste et un petit peu républicain quand-même. La plupart des Français ignorent qu’on trouve au cœur du Haut-Bocage quelques temples de l’église réformée qui témoignent d’une présence protestante multiséculaire, que le chef-lieu du département fut longtemps un bastion de la gauche, que le Sud-Vendée n’est absolument pas porté sur la religion, et que le principal journal est le Sans-Culotte 85, un canard qui aime la bagarre!

Un Vendéen, ça peut aussi ressembler à cet hurluberlu de grand talent, chantre d'une terre marquée par un surréalisme inexplicable.

Philippe Katerine

La Vendée a connu des drames mais dans son malheur, elle a eu une chance de cocu. La légende raconte qu'à À la création des départements, pour remplacer la dénomination Bas-Poitou, les révolutionnaires ont hésité entre la Vendée (un affluent de la Sèvre Niortaise qui arrose Fontenay-le-Comte) et les Deux-Lays (à cause du petit-Lay et du Lay, deux rivières locales). Cela aurait fait écho aux Deux-Sèvres, département limitrophe issu lui aussi du Poitou. Les Bas-Poitevins seraient devenus des Deux-Laysiens et la guerre de Vendée… La guerre des Deux-Lays? Oh là la non! Dieu merci, dans un souci de ne pas froisser deux représentants politiques locaux jugés particulièrement laids, le choix des révolutionnaires se porta finalement sur la Vendée. On peut dire qu'on l'a échappé belle!

Si je vous raconte tout ça, c’est d’abord parce que je suis Vendéen et que j’ai envie de déconstruire les clichés sur mon département d’origine. Mais c’est aussi pour vous montrer qu’un nom et la sonorité qu’il porte, sont des critères qui entrent en ligne de compte dans la perception négative ou positive que peuvent avoir les habitants sur leur ville ou leur collectivité territoriale. Prenons deux départements fictifs : La Gueuze-Inférieure et la Côte-de-Lumière. Lequel des deux fait naître en vous des envies de vacances, et lequel des deux vous fait penser à un ciel gris, chargé de nuages dissimulant les sommets des terrils? Ce n’est pas un hasard si la Loire-Inférieure est devenue la Loire-Atlantique, si les Basses-Alpes sont devenues les Alpes de haute-Provence, si le département des Côtes du Nord qu’on s’imaginait tous frontalier avec la Flandre belge, a été repositionné en Bretagne en devenant les Côtes d’Armor. Si la Vendée perdait son nom, elle perdrait son âme. Son destin est lié à jamais à un petit affluent de la Sèvre Niortaise dont l'étymologie signifie... blanc.